Ces sourds sanglots

Ces hommes de partout et de nulle part, victimes des circonstances, sans véritables attaches s’emmurent dans le passé. Chaque année ils se rassemblent dans la cabane abandonnée, non loin de Mamabougou. Exil et renaissance occupent le devant de la scène. Parmi les visages ternis par l’expérience combien traumatisante de l’exil, la lionne du groupe suggère le renouvellement de la thématique et de l’écriture. Au cœur de la tempête, dans la nuit prédatrice, les orphelins du pays natal partent pour l’inconnu. Quelques années plus tard, certains remis du deuil répondent à l’appel du sol pendant que d’autres comme mon homonyme ne reverront plus les visages familiers. Ces sourds sanglots des exilés. Ces années noires loin de la terre natale. Ces sourds sanglots parmi les visages grises. Partir dans l’intention de se reconstruire. Partir tout en gardant les attaches d’ici. Partir sans pour autant se désolidariser des siens. Partir à la conquête d’une terre bienheureuse. Ces sourds sanglots des exilés déracinés. Ces sourds sanglots des exilés enracinés. Ces sourds sanglots des exilés remodelés. Ces sourds sanglots des exilés déséquilibrés. Ces sourds sanglots des pères de l'exil.