Le Polygone étoilé de Kateb Yacine

La réflexion proposée dans ce livre consiste à souligner en quoi Le Polygone étoilé a l’aspect d’un procès à travers lequel Kateb Yacine s’en prend aux mutilations infligées historiquement à la mémoire collective au nom de la domination accomplie tantôt par le détour de l’endoctrinement qui a fait de la religion un instituant qui sublime le politique, tantôt par une conquête militaire et politique coloniale. Le livre met, chemin faisant, l’accent sur le rapport conflictuel que Kateb a à l’égard de son groupe d’appartenance ; autant il cherche à le défendre et à en redorer le blason autant il se garde de se nier au bénéfice de la volonté collective. Kateb est conscient, paraît-il, que la protection assurée par le groupe d’appartenance est toujours assumée au prix d’une dépossession. Le livre en vient au système d'écriture que Kateb préconise et soutient, ce faisant, qu’à la violence subie à la longue le roman oppose la violence de l’écriture comme si l’écriture de la violence ne pouvait se penser en dehors de la violence de l’écriture.