Dans un seau noir

Dans les trains qui, de gare en gare, entre escales de cafés et cigarettes avides, me rapprochent de cette mer si souvent traversée pour des vacances avec mon père à Paris, Malaga, à Grenade ou Séville, et retraversée pour rentrer chez nous, je pense à l’enfance avec lui et à nos escapades. Sur le bateau, à l’aller comme au retour, nous restions sur le pont, guettant les dauphins que nous croisions parfois, riant avec délice aux bourrasques turquoise dont il me disait qu’elles laissaient des coulures azur sur ma peau. Un autre voyage tout aussi merveilleux nous attendait à l’arrivée à Algesiras ou à Tanger. Nous ne prenions pas le train, pour nos voyages. Et j’avais dû prévoir plusieurs escales pour pouvoir me replonger, ne fût-ce que le temps d’un instant, dans les villes que nous avions visitées ensemble, pour le brouhaha d’un café parisien, une glace au citron sur un trottoir de Malaga, la pourpre, partout, de Grenade la divine et la place de Séville inondée de soleil… Avec mon père, nous voyagions dans cette DS verte dont il était fou comme un gamin.