Vertige

Je m’assis sur un tronc d’arbre sec. Je me versai une tasse de mon précieux café alcoolisé. Je le savourai goutte à goutte pendant l’écoulement des belles heures de ce début d’après-midi. Des odeurs de terre humide montaient du sol et le mariage des différents parfums de la nature annonçait la pointe d’une journée qui avait toujours de chauds moments d’ensoleillement à offrir. Je laissais entrer en moi, par tous mes sens, la splendeur de l’expérience. Je vivais le moment présent comme si mon infortune n’eut pas existé. Ni les remords, ni les regrets, ni les désespoirs, rien ne me troublait plus. Chaque gorgée de mon breuvage m’excitait et me laissait en bouche un goût sec et amer. J’aimais la griserie que me procurait ma boisson. Moi, le petit pauvre, je niais au nez des riches l’idée de vivre seulement d’abnégation. Sacrifices à foison, grâce sacrifiée. Soudain, rompant mon bienheureux isolement, j’entendis une voix grave derrière moi. On aurait dit une remontrance.